•
i I l i
i
I I il»
•
^3 .iit^r
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE INTERNATIONALE
DE
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
Tome XVIII
(ANNEE 1908)
LE MANS
IMPRIMERIE MON NOYER
12, PLACE DES JACOBINS, 12
1908
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE INTERNATIONALE
DE
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
BULLETIN
DE
L'ACADEMIE INTERNATIONALE
DE
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
Tome XVIII ^K
BOTANICAL
(ANNEE 1908)
« J'ai vu Dieu ; j'ai vu son passage et « ses traces, et je suis demeuré saisi « et muet d'admiration. Gloire, hon- « neur, louange infinie à Celui dont « l'invisible bras balance l'univers et « çn perpétue tous les êtres.
« Linné ».
PARIS
LIBRAIRIE CHARLES A MAT
I I , RUE CASSETTE, I I
1908
X
ii
17e Année '3e Série)
N° 219
Janvier 1908
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE INTERNATIONALE
de Géographie Botanique
SOMMAIRE DU N° 219
Election du Directeur pour l9o8. — Nominations
Culture comparative du Solanum Convnersonii violet (Labergerie), des pommes déterre
Géante bleue Early rose et Magnum bomtm. par M. E. LemÉE. Diagnoses d'espèces nouvelles par MM. Cardot et I. Thériot. Notes sui les Renonculacées du Kouy-Tchéou, par le R. P. Cavalerie. Catalogue raisonné des plantes Phanérogames et Cryptogames indigènes du bassin de la
haute Ariège, par MM H. et l'abbé Alex. Marcailhou d'AvmÉRIC (suite).
PAR
LIBRAIRIE CHARLES AMAT
11 RUE DE MEZIÊRES, 11
1 908
Académie internationale de Géographie Botanique
Directeur : M. le Dr A. ENGLER, Muséum de Berlin.
Secrétaire perpétuel-Trésorier : Mêr H. LÊVEILLÉ, p, 78, rue de Flore, Le Mans (Sarthe).
Conseil de l'Académie : MM. A. Engler, Le Gendre, ijk, King, Treub, Jh. Héribaud. On peut se procurer au Secrétariat le diplôme spécialement gravé pour l'Académie
au prix de 3 francs
Cotisation annuelle : 10 francs
L'Académie laisse aux auteurs la responsabilité de leurs opinions.
Adresser mandats et communications au Secrétariat.
SECRÉTARIAT-RÉDACTION
7 8, RUE DE FLORE, 7 8
fw*. vœ îPBaS (Sarthe- France)
Nos Collègues hors France peuvent nous adresser leurs cotisations soit par la poste, soit PAYABLE* AU M A K" S au COMPTOIR NATIONAL D'ESCOMPTE, à la SOCIÉTÉ GÉNÉ- RALE, ou au CRÉDIT LYONNAIS
TABLEAl ANALYTIODE M LA FLORE FRANÇAISE
o u
FLORE DE POCHE DE LA FRANCE
F»ai* H. LÊVEILLÉ Q
Un Volume in-16, cartonné toile anglaise. — 642 pages. — I*i*ix : 2» francs
Indispensable pour les excursions en montagne, aux bords de la mer. A conseiller aux débutants et vade mecum des botanistes. — Remises sur quantités.
MIGULA. Kryptogamen-Flora
Moose - Algen Flechten uncl IMIze
FRIEDRICH von ZEZSCHWITZ, Editeur Géra Reuss J.-L.
Environ 80 livraisons, dont 48 parues, formant les volumes V-VI de la Flora von Deuts-
chland du Dr Thome. — La livraison : 1 fr. 25.
Voir le compte rendu au Monde des Plantes de Janvier.
— — ^— «— — — ■ I I — — —■———■ — — — — — — — ihiJ
17e Année (3e Série) N° 219 Janvier 1908
BULLETIN
DE L'ACADEMIE INTERNATIONALE
DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
Election du Directeur pour i908
Inscrits: 217.
Votants : 102.
Majorité : 53.
MM. A. Engler, 54 voix, élu.
Ch. Le Gendre, 3g voix.
Fed. Philippi, 7 voix. Bulletins nuls : 2.
Nominations
Par décision, en date du 25 décembre 1907, ont été nommés membres de l'Académie :
M. le chanoine BaNoisr, directeur de l'Ecole Saint-Gréçoire, Pithiviers (Loiret), présenté par M. Orget et par Mgr. H. Leveillé.
M. J. Garmer, pharmacien de ["classe, Préparatem à l'Ecole supérieure de pharmacie, 25, rue Saint-Lambert, Nancy (Meurthe-et-Moselle;, présenté par M. Petitmengin et par Mgr. Léveille.
M. Constant Bliv, 10, rue du Mont-Barbet, Le Manr-, présenté par Mgr. H. Léveille et M. Gentil.
M. l'abbé P. Gave, professeur, pensionnat d'Uvrier. près Saint-Léonard (Valais-Suisse), présenté par M. Marretet par Mgr. Leveillé.
Le Directeur, Dr IL Christ.
Et par décision du 6 janvier :
M. L. Touvay, boulanger, 3, rue Saint-Honoré, à Versailles, présenté par
M. Orget et Mgr. H. Leveillé.
M. L. Mahaut, aide-pharmacien, 91, boulevard de la Reine, à Versailles, 3® présenté par M . Orget et Mgr. H. Leveillé. CT3 Le Directeur, A. Engler.
I
NEVS
II ACADEMIE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
DIAGNOSES D'ESPÈCES NOUVELLES
Par MM. J. CARDOT et I. THÉRIOT.
Les espèces nouvelles dont nous donnons une description sommaire provisoire, ont été récoltées par le rew P. J.-B. Ferrie, dans l'archipel Liou- Kiou (Japon) en 1898 et 1899- Une première liste d'espèces nouvelles a déjà été publiée dans « Le Monde des Plantes », 9e année,- 2e série, p. 22.
Holomitrium papillosulum Card. et Thér. — Ab. H. Griffithiano Mut. differt : statura minore, caulibus brevissimis, foliis magis confertis, cellu- lisque parietibus contiguis papillosis.
Hab. Oshima, Yowan Dake.
Holomitrium Ferriei Card. et Thér. — Ab. H. Griffithiano Mitt. et H. japonico Gard, cellulis parietibus multo magis incrassatis jam differt. Cau- lis interdum ramulos graciles emittens, ut in H. javanico Br. jav, sed ab hacspecie foliis angustioribus longioribusque distinctum.
Hab. Naze.
Glyphomitrium {:) platyphyllum Card. et Thér. — Species sterilis, ob folia lata, brevia, parum dentata, obtusa, cellulasque in pirte inferiore folii plus minus papillosas peculiaris. Genus aiiquid dubiosum. G. lati/olium Broth. tasmanicum foliorum forma speciei nostrae affine videtur, sed foliis inte- gerrimis marginatis certe differt.
Hab. Naze.
Pogonatum yakusimense Thér. — A P. Junghuhniano Br. jav.. capsula haud plicata lamellisque foliorum in sectione transversali tantum e 5 cel- lulis compositis, a P. rhopalopl.o 0 Besch. lametlis margine lœvibus, a P. inflexo Lindb. cellulis marginalibus lamellarum in sectione transverse dilatatis foliisque magis crispatis, denique ab omnibus statura majore dis- tinctum.
Hab. Yaku-Sima.
Endotrichella Fauriei (Par. et Brot.) Brot. var. twgida Card. et Thér. — A forma typica foliis densioribus, latioribus, magis concavis et magis imbri- catis distincta.
Hab. Oshima, Naze.
Diaphanodon [: , gracillimus Card. et Thér. — Ab omnibus congeneribus caule gracillimo filitormi, simpliciter et minus dense pinnato, ramisque remotis, laxe foliosis primo visu differt. Planta sterilis, unde genus aliquid dubiosum.
Hab. Naze.
Anomodon stenoglossus Card. et Thér. — A. submicropliyllo Card. afrinis, sed abillo foliis quidem minonbus, madore erectis (nec patulis vel paten- tibus) acumine angustiore et magis attenuato, cellulis distinctioribus, parie- tibus lutescentibus, papillisque majoribus et magis prominentibus facile distinguitur.
Hab. Naze.
Eriopus japonicus Card. et Thér. — Species E. limbatulo (Ren. et Card.)
ACADÉMIE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE 111
Fleisch. javanico comparanda, sed foliis hexastichis, latioribus apice magis abrupte contractis et apiculatis primo intuitu discernenda.
Hab. Naze.
Rhynchostegium plumosum Thér. — A. Rli. pallidifolio (Mitt.) Jœg. diffcrt statura minore, rete laxiore foliisque perichetialibus denticulatis ; a lih. subconferto Sch. foliis argute denticulatis reteque densiore distinctum; a Rh. Ferriei Broth. foliis mollioribus, magis patentibus, cellulis duplo longio- ribus, etc., distinguitur.
Hab. Naze.
Isopterygium euryphyllum Card. et Thér. — Formis robustioribus /. Tex- tori Lac. sat simile, ramis mollioribus, minus compressis foliisque majo- ribus, latioribus,, magis concavis, integerrimis certe diversum.
Hab. Oshima, Yowan Dake.
Isopterygium minutifolium Card. et Thér.
Ex affinitate /. albescentis (Schw..) Mitt., a quo differt foliis minoribus brevius acuminatis, superne dis'inctius denticulatis, inflorescentiaque dioica. — /. leptotop es Card. statura habituquesat simile differt foliis latio- ribus magis abrupte et brevius acuminatis, et rete laxiore, magis chloro- phylloso.
Ectropotkecium (Vesicularia ) Ferriei Card. et Thér. — Habitu E. inflec- tenti (C. M) Jœg., E. bryijolio (C. M.) Jœg., E. subbryifolio Besch. tahi- tensibus sat simile, sed foliis brevius acuminatis jam distinctum.
Hab. Naze. Ectropothecium ( Vesicularia) isoplery gif orme Card. et Thér. — Species tenella, ramis compressis, plumosis peculiaris et ab omnibus congeneribus japonicis prima fronte discernenda. Ab E. saprophilo Brot. et Par. tonki- nensi affini differt : ramis magis compressis plumosisque, foliis minus concavis, brevius et minus anguste acuminatis, vitaque haud saprophyta ut videtur terricola.
Hab. Naze.
Charleville et le Havre, le i5 décembre 1907.
r> :-ti
' ;
". :
KW1HWHBRM— Kl
H
ACADÉMIE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
DIAGNOSES D'ESPÈCES NOUVELLES
Par MM. J. CARDOT et I. THERIOT.
Les espèces nouvelles dont nous donnons une description sommaire provisoire, ont été récoltées par le rev. P. J.-B. Ferrie, dans l'archipel Liou- Kiou (Japon) en i8g8 et 1899- ^ne première liste d'espèces nouvelles a déjà été publiée dans « Le Monde des Plantes », 90 année, 2e série, p. 22.
Holomitrium papillosulum Card. et Thér. — Ab. H. Griffithiano Mitt. differt : statura minore, caulibus brevissimis, foliis magis confertis, cellu- lisque parietibus contiguis papillosis.
Hab. Oshima, Yowan Dake.
Holomitrium Ferriei Card. et Thér. — Ab. H. Griffithiano Mitt. et H. japonico Card. cellulis parietibus multo maçis incrassatis jam differt. Cau- lis interdum ramulos graciles emittens, ut in H. javanico Br. jav, sed ab hacspecie foliis angustioribus longioribusque distinctum.
Hab. Naze.
Glyplwmitrium (r) platyphyllum Card. et Thér. — Species sterilis, ob folia lata, brevia, parum dentata, obtusa, cellulasque in p»rte inferiore folii plus minus papillosas peculiaris. Genus aiiquid dubiosum. G. latifolium Broth. tasmanicum foliorum forma speciei nostrae affine videtur, sed foliis inte- gerrimis marginatis certe differt.
Hab. Naze. ■ Pogonatum yakusimense Thér. — A P. Junghuhniano Br. jav.. capsula haud plicata lamellisque foliorum in sectione transversali tantum e 5 cel- lulis composais, a P. rliopalop'.u 0 Besch. lamellis margine lcevibus, a P. inflexo Lindb. cellulis marginalibus lameilarum in sectione transverse dilatatis foliisque magis crispatis, denique ab omnibus statura majore dis- tinctum.
Hab. Yaku-Sima.
Endotricliella Fauriei (Par. et Brot.) Brot. var. turgida Card. et Thér. — A forma typica foliis densioribus, latioribus, magis concaviset magis imbri- catis distincta.
Hab. Oshima, Naze.
Diaphanodon')) gracillimus Card. et Thér. — Ab omnibus congeneribus caule gracillimo filitormi, simpliciter et minus dense pinnato, ramisque remotis, laxe foliosis primo visu differt. Planta sterilis, unde genus aliquid dubiosum.
Hab. Naze.
Anomodon stenoglossus Card. et Thér. — A. submicrophyllo Card. afrinis, sed abillo foliis quidem minoribus, madore erectis (nec patulis vel paten- tibus) acumine angustiore et magis attenuato, cellulis distinctioribus, parie- tibus lutescentibus, papillisque majoribus et magis prominentibus facile distinguitur.
Hab. Naze.
Eriopus japonicus Card. et Thér. — Species E. limbatulo (Ren. et Card.)
ACADÉMIE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
m
Fleisch. javanico comparanda, sed foliis hexastichis, latioribus apice magis abrupte contractis et apiculatis primo intuitu discernenda.
Hab. Naze.
Rhynchostegium plumosum Thér . — A. Rh.pallidifolio (Mitt.) Jœg. diffcrt statura minore, rete laxiore foliisque perichetialibus denticulatis ; a Rh. subconferto Sch. foliis argute denticulatis reteque densiore distinctum'; a Rh. Fevriei Broth. foliis mollioribus, magis patentibus, cellulis duplo longio- ribus, etc., distinguitur.
Hab. Naze. 1 Isopterygium enryphyllum Card. et Thér. — Formis robustioribus /. Tex- tori Lac. sat simile, ramis mollioribus, minus compressis foliisque majo- ribus, latioribus,, magis concavis, integerrimis certe diversum.
Hab. Oshima, Yowan Dake.
Isopterygium minutifolium Card. et Thér.
Ex afnnitate /. albescentis (Schw..) Mitt., a quo differt foliis minoribus brevius acuminatis, superne disHnctius denticulatis, inflorescentiaque dioica. — /. leptotopes Card. statura habituquesat simile differt foliis latio- ribus magis abrupte et brevius acuminatis, et rete laxiore, magis chloro- phylloso.
Ectropotliecium (Vesicularia ) Ferriei Card. et Thér. — Habitu E. inflec- tenti (C. M) Jœg., E. bryijolio (C. M.) Jœg., E. subbryifolio Besch. tahi- tensibus sat simile, sed foliis brevius acuminatis jam distinctum.
Hab. Naze. Ectropothecium ( Vesicularia) isopterygiforme Card. et Thér. - Species tenella, ramis compressis, plumosis peculiaris et ab omnibus congeneribus japonicis prima fronte discernenda. Ab E. saprophilo Brot. et Par. tonki- nensi affini differt : ramis magis compressis plumosisque, foliis minus concavis, brevius et minus anguste acuminatis, vitaque haud saprophyta ut videtur terricola. Hab. Naze.
Charleville et le Havre, le i5 décembre 1907.
IV ACADÉMIE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
Culture comparative du Solanum Commersonii violet
(Labergerie), des pommés de terre Géante bleue,
Early rose et Magnum bonum.
Par M. E. LEMEE, Horticulteur-paysagiste, à Alençon (Orne).
Plantation faite le 20 mars 1907.
ier rang Commersonii violet : 22 tubercules pesant 2 k. 5oo
2e — Early rose 22 — — 2 25o
3e — Géante bleue 22 — — 2 25o
4e — Magnum bonum 22 — — 2
»
Les rangs sont pris en partant de l'allée centrale du jardin.
Le terrain, bonne terre d'alluvion, avait été bien fumé l'année précédente, les rangs une fois plantés ont reçu un fort paillis de fumier de couche à demi consommé, le buttage a été fait en temps opportun. Les tubercules de Commersonii, Early rose, Géante bleue étaient germes d'une manière régulière, les germes courts et gros. A la base de deux germes, sur un tubercule de Commersonii, se trouvaient deux petits tubercules en forma- tion. La Magnum bonum ne montrait encore que des yeux à peine développés.
Une deuxième plantation de Commersonii a été faite à la suite de Magnum bonum le 28 mars, en tubercules petits : 22 pesant ensemble 750 grammes et un dernier rang était planté de trois tubercules de S. Commersonii ordinaire, de 14 tubercules de pomme de terre asperge et de 3 tubercules aériens récoltés en 1906 sur des tiges d'Early rose et dont il sera fait mention ci-après.
Le 5 octobre, il a été procédé à l'arrachage des pommes de terre arrivées à maturité, par M. Croisé, secrétaire général de la Société d'Horticulture de l'Orne et le soussigné. La récolte a été pesée l'arrachage terminé, les tubercules bien nettoyés. Le
ACADÉMIE DE GÉ0GRAPR1K BOTANIQUE
Ier rang, S. Commersonii violet a produit 25 kilog. 5oo, en tu- bercules gros et petits, beaucoup de ces derniers se trouvaient à la base des tiges au-dessus dû sol et pouvaient être considére's comme tubercules aériens, un certain nombre de i^ros tubercules étaient difformes, de forme très irrégulière. Pas de maladie.
Le 2e rang : Early rose a produit 24 kilog. de très beaux tubercules dont un certain nombre étaient pourris par suite de maladie.
Le 3e rang : Géante bleue a produit 10 kilog. 5oo seulement, en gros et petits tubercules. A quelle cause attribuer cette diffé- rence de rendement? Le terrain était absolument le même que pour les autres variétés. Pas de tubercules aériens, quelques-uns malades.
Le 5e rang : Magnum bonum a donné 27 kilog. en tuber- cules gros et moyens exempts de maladie.
Le 5e rang, planté le 28 mars ainsi qu'il a été dit plus haut, a été arraché, bien que n'étant pas arrivé à entière maturité, il a donné un produit de 21 kilogs 400 en gros et moyens tuber- cules, peu de petits ; beaucoup étaient irréguliers. Les deux plus gros pesaient ensemble 1 kilog. 55o.
Les 3 tubercules de Commersonii ordinaire qui pesaient en- semble 12 >grammes, ont donné un rendement presque nul; un tubercule a grossi seulement, sans rien produire, un autreadonné deux tubercules assez volumineux, à peau rugueuse et à l'extré- mité des tiges souterraines; ces tubercules se trouvaient à environ om20 de la base de la tige, pendant que ceux de Commerson1 violet sont agglomérés ensemble à la base même ; de plus le feuillage de Commersonii ordinaire est petit, à divisions profon- des, à tiges grêles, pendant que le feuillage de Commersoni1 violet est ample, les tiges forteset longuesayant encelaunegrande ressemblance avec la géante bleue. Le 3e pied n'avait donné que quatre très petits tubercules. Le poids total était de 35o grammes de la récolte des 3 pieds de Commersonii ordinaire.
La pomme de terre Asperge n'a rien à voir dans l'étude que nous relatons ici, ses tubercules petits, d'un faible rendement en font une plante de collection d'amateur.
En iyo6, nous avions récolté sur des tiges d'Early rose 22 tu- bercules aériens, dont la grosseur variait de celle d'uu pois rond à celle d'une noix ordinaire. Ces tubercules rudimentaires
VI ACADÉMIE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
furent mis à l'abri afin de pouvoir planter au printemps ceux qui germeraient et voir quel en serait le produit.
Au mois de mars 1907, sur 22 tubercules re'colte's, 18 étaient pourris ou en voie de décomposition. Les 7 qui restaient et com- mençaient à germer furent plantés dans de petits pots, et le 28 mars mis en place dans le carré d'études. Un pied fut coupé par un ver gris ; un second ne donna qu'un tubercule moyen ; les deux autres ont produit des tubercules très beaux et très sains pesant ensemble 2 kilog. 5oo de la variété type Early rose.
Des observations qui précèdent, il résulte : que le produit le plus élevé des 4 variétés étudiées est celuide Magnum bonum; que pour S. Commersonii violet, la plantation en petits tubercules a donné un produit supérieur comme grosseur à celui des gros tubercules.
En somme que Commersonii violet semble être supérieur comme rendement à Géante bleue.
Nous faisons remarquer qu'il n'a été employé aucun engrais artificiel dans l'étude comparative qui précède.
ACADÉMIE DR GÉOGRAPHIE BOTANIQUE Vil
NOTES
SUR LES RENONCULACÉES
Du Kouy-Tchéou
Pin-fa, 19 juillet 1907.
Monseigneur,
Il ne se passe guère de mois sans que je reçoiveune lettre ou un imprimé ayant trait à la flore du Kouy-Tchéou, et je n'accuse pas souvent réception.
Cette année, je n'ai pu faire d'envoi à cause d'une rébellion qui a duré une dizaine de mois, et m'a empêché de fouiller les bois des environs; vers la fin de l'année cependant ou au commencement de Tan prochain, j'espère bien vous adresser quelque chose de sérieux.
Quelques NOTK8 feUIt L.ES iu;\o\M 1 \( un ou kouy- TCHÉOU vous feront plaisir je crois; dans la suite, je me propose de faire la même chose pour les autres familles.
Le genre Aconit est assez mal représenté; pour celui qui n'analyse pas minutieusement les fleurs, il n'existe guère qu'une espèce, portant sur sa tige plus ou moins longue, une grappe de fleurs plus ou moins nombreuses de couleur violette qui commencent à s'ouvrir quand mûrit le riz et durent parfois jusqu'à la gelée blanche : toutes les montagnes, les endroits rocail- leux en ont quelques pieds par ci par là ; certains vieux Chinois tant soit peu médecins appliquent les tubercules de cette plante sur des plaies qui prennent d'abord des proportions colossales, mais tout de même guérissent ensuite. La tige de ces aconits (lycoctonum v. ranunculoides, racemulosum Bodinieri etc.) avec son long habit de fleurs voyantes peut atteindre la hauteur d'un homme : sur les hautes montagnes c'est bien la plante qui en automne frappe le plus les regards. L'Aconiium Cavaleriei d'un pied de haut à peine n'a été trouvé que dans trois ruisseaux des environs de Pin-fa sir des mottes de terre de temps en temps submergées aux grandes eaux. A Gan-Pin on voit dans les rochers d'autres rares Aconits moins robustes et aux fleurs blanc-jaunàtre.
Le genre Anémone n'est guère mieux représenté ; il a pourtant deux espèces qu'on trouve partout: l'Anémone rivularis et l'A. Japonica, la pre- mière est beaucoup plus grande et a des couleurs bien plus fraîches sur les hautes montagnes que dans la plaine , elle fleurit toute l'année dans les pelouses légèrement humides bien que ses rieurs apparaissent au printemps en plus grande abondance. La deuxième tout en étant un peu moins fré- quente sur les monts, se trouve aussi un peu partout et est connue de tous les Chinois sous le nom de Jé-mien-houa (coton sauvage) à cause de la bourre de sa fructification ; ses grandes fleurs veloutées apparaissent assez tard (fin juillet) pour durer jusqu'à l'hiver, les Chinois la reconnaissent
VIII ACADEMIE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
toute l'année à ses grandes feuilles basilaires et savent qu'elle affectionne les tertres des rizières ou des cultures humides ; ils prennent une potion de sa racine brûlante ou l'avalent réduite en poudre contre certains maux de ventre et certaines fièvres rebelles. L'Anémone begonilfolia est rare et redoute la sécheresse qui l'empêche de fleurir. J'ai trouvé en un endroit seulement l'Anémone Delavayi près de rochershumides sur la route Touyun- Pin-fa. L'Aquilegia Henryi orne au premier printemps les voûtes ébréchées d'un gros rocher humide et l'entrée d'une caverne dans les environs de Pin- fa.
Le genre Clématite, merveilleusement représenté au Kouy-tckeou, occupe une portion considérable des bois, des rocailles broussailleuses et des haies; parmi les quelques espèces qui fleurissent au mois d'avril, on en voit une, sur les pentes des bois, parée comme une reine, recouvrant les taillis des brassées de ses grandes fleurs blanches très odorantes (Clematis Armandi ?) Au mois de mai la clématiteFinetiana, plus humble, pique ses fleurs clair- semées un peu partout dans les buissons. Les clématites sont ici ordinaire- ment blanches et assez inodores ; il me souvient pourtant d'une espèce jaune et d'une autre noir-pourpre, de deux pour le moins au même parfum et de trois ou quatre à odeur moins caractéristique. Durant toute l'année on peut trouver des clématites en fleurs; même au cœur de l'hiver plusieurs espèces s'épanouissent dans les. fourrés des gorges profondes.
Le genre Delphinium sera probablement pauvre en espèces au Kouy- tcheou. A part le D. anthriscifolium v. calleryi très commun en beaucoup d'endroits, les autres trois espèces qu'il m'a été donné de voir, semblent plus localisées. — D. Cavaleriense, un seul endroit — une autre à grappes bien fournies de petites fleurs bleues sur tige droite et un peu grêle, trou- vée par le P. Esquirol et la quatrième à grandes fleurs, grandes, très espa- cées sur des tiges raides et grosses se trouve un peu plus commune que les précédentes.
Les Isopyrum sont très rares en espèces et en localités. Je n'ai vu que sur un espace de quelques kilomètres l'Isopyrum Gavaleriei : les deux autres I. peltatum et adoxoides ont été trouvés en peu d'endroits.
Pauvre encore est le genre Ranunculus, si l'on fait exception de deux qu'on trouve partout, l'un Japonica ? dans les marécages, les fossés, les cultures humectées où elle se ramifie beaucoup à sa base, l'autre à belles fleurs d'or et haute tige commune sur les bords des routes et dans les pâtu- rages. La renoncule scélérate se voit assez souvent dans les rizières boueu- ses et à moitié incultes, le R. ficariifolia commun sur les hauts p'.ateaux des environs de Pin-fa se trouve aussi le long des ruisseaux qui en descendent, mais en se raréfiant beaucoup et sous une forme plus grande. On voit aussi dans quelques marais une renoncule aquatique à fleurs jaunes très petites et à feuilles très laciniées.
Les Thalictrum qui foisonnent dans les hautes herbes des monts, se trou- veront plus variés quand ils seront plus connus, on a envoyé jusqu'ici peu de sujets du Kouy-tchéou.
J. Cavalerie.
Le Secrétaire perpétuel, Gérant du « Bulletin » : H. LÉ VEILLÉ
ACADEMIE DE GEOGRAPHIE BOTANIQUE
CATALOGUE DES PLANTES MENES DU BASSIN DE LA HAUTE-ARIÈGE
Par MM. H. Marcailhou-d'Ayméric et l'abbé A. Marcailhou-d'Ayméric
(suite). ,'
Sous-Classe IV. — COROLLIFLORES
(ou GAMOPÉTALES HYPOGYNES)
Famille XL VI. — ERICACÉES (i) Tribu i. — ERICÉliS DC. Prodr., VII, p. 612.
Calluna Salisb.
756. — C. vulgaris Salisbury, in Trans. Linn. Soc. Lond., VI (1802), p. 317; Erica vulgaris L. ; Calluna Erica DC. FI. fr., III, p. 080; Rchb. fil. Ic.fl.germ., XVII, tab. 111, f. 2,3. — Exsicc. : Soc. dauph,, n° 38i3.
CC. Bois secs, rochers herbeux, bruyères, lieux incultes de tous les terrains mais principalement siliceux dans les z. inf., subalp. et alp. — Juin-Octobre.
Varie à fleurs roses ou blanches (s.-var. albiflora auct.) mais à la suite de P. Bubani (Fl.pyr., II, p. 10) nous n'avons observé les cas d'albinisme que sur des exemplaires rabougris ou n'ayant pas un dé- veloppement normal.
Les jeunes pousses de la Bruyère commune, en pat ois Brougo, sont recherchées par le bétail.
Erica L.
757. — E. decipiens Saint-Amans, Voyage agric, bot. et pit- toresque aux landes du Lot. et Gar., 2e édit. (18 18), p. 2o3 et in Flore agenaise (1 821) p. 159 (2), non Spreng. fil.; O. Debeaux: Notes sur deux espèces d' Erica, nouvelles pour la flore des
(1) A l'exemple de Reuter (Cat. pi. vaseul. envir. Genève, V édit., l86l, p. 140) noui avons classé cette famille dans les Corolliflores.
(2) C'est par suite d'une erreur typographique que Mr O. Debeaux dans sa Révision de U flore agenaise, p. l85 indique la page 3c. Grenier et Godron, FI. de F., II (iSSî), p. 4*9 et aussi Reichenbach fils dans ses Icônes fl. germ. et helvet., vol. XVII (1855), p. 74, iaii' quent la page 159.
1
2 PLANTES INDIGENES DU BASSIN DE LA HAUTE *RIEGE
Pyr.-.Or.t in XXIIe Bull.de la Soc. agr. se. et litt. des Pyr.-Or. (1876), in Bull, des travaux de Soc. ph. de Bordeaux 16e année (1876) p. 333 et in Revis, de la fl. asen. (Rev. de Bot. Toulouse, XIII, 1895, p. j 85) ; abbé Boullu,in Ann. Soc. bol. de Lyon, V année, p. 77 et in PI. exsicc. Soc. dauph. n° 1747 (1878); E. va- gans Gr. et Godr. Fl. de Fr., II, p. 429 et auct. mult. (ex parte), non L. ; L. multiflora DC. Fl.fr., 3e édit, IV, p. 439, non L.
RR. Septembre-Octobre. — Rochers à droite de la route d'Es- pagne, entre Ax et Mérens, en face de la fontaine d'Aïguebonne et la borne kilométrique 85k4, à 960™ d'altitude.
Cette espèce, vainement recherchée par nous dans d'autres locali- tés de notre circonscription, a été longtemps méconnue de la plu- part des botanistes français et considérée par eux comme YE. vagans de Linné. L'erreur vient de ce qu'ils n'ont pas connu le véritable E. vagans L. qui paraît spécial à l'Europe orientale et aété décrit à nou- veau par Salisbury,sous le nom deE. manipuliflora, inTrans. Linn. Soc. Lond.,Vl, p. 344, ?ion Sibth. et par Forskal sous le nom de E. ver- ticillata, in Descript. pi. fl.œgyptiaco arabica?, cent. VIII. p. 210. Cette erreur est basée en partie sur une fausse indication de Linné dans son Mantissa plantarum (J767), p. 23o, qui indique en effet Y E va- gans « in Africa, etiam Tolosa 1. Or il est prouvé que l'on ne ren- contre pas dans le nord de l'Afrique (Maroc, Algérie, Tunisie etc.). soit YE. vagans, soit YE. decipiens et de plus que la localité de To- losa (province de Guipuzcoa) se rapporte à YE. decipiens St.-Am.
On doit donc, ainsiquele conseille avec juste raison Mr O. Debeaux (/. cit.) et après lui l'abbé Boullu (/. cit.) et leDrGillot (in Bull. Soc. bot. de Fr.,voi. XXVII, p. XXXIV, renvoi 1 , sess. extraord. à Bayonne, en juillet 1880), adopter contrairement à l'opinion émise par Grenier et Godron dans leur Flore de France, le nom d'E. vagans L. avec les synonymes de Salisbury et de Forskal, pour l'espèce orientale(Italie, Dalmatie, etc.) et réserver celui d'E. decipiens St. Am. (E. vagans Gr. et G. non L.) pour la bruyère des provinces basques et du Sud- Ouest de la France. Elle est commune en effet d'iiprès M^O. Debeaux (/. cit.) c dans les départements sous-pyrénéens (Gers, Landes, Tarn- et-Garonne, Lot, Dordogne, Gironde) et au pied des Pyrénées depuis Amélie-les-Bains jusqu'à Bayonne, l'Ouest, le Centre, ie Morbihan, les environs de Paris, l'Angleterre, l'Espagne (provinces basques, Asturies, Léon, Galice, Aragon, les Deux-Castilles, etc. »).
ACADEMIE DE GEOGRAPHIE BOTANIQUE
Tribu 2. — /IRBIJTÉE§ (1) DC. /. cit., p. 58o
A rclostaphylos Adans.
758. — A. Uva-ursi Spreng. Syst. veget., II, p. 287;^. officinalis Wimm. et Grab. FI. siles., I,p. 391 ; Arbutus Uva- ursi L; Rchb. fil. le. fl. germ., XVII, tab. 116, f. 3. - Ex- sicc. : Soc. dauph., n° 2964.
CC. Bois, pelouses et rocailles des terrains calcaires ou schis- teux, plus rarement granitiques dans les z. subalp. et alp. — R. dans la z. nivale — Juin-Octobre, suivant l'altitude.
Nos exemplaires (plus de 40 localités) ont été récoltés de i36om (Prades, éboulis sur le Fronteil) à 2490" (pelouses de la tose de Pédourés)et principalementdans les montagnes d'Ascou, d'Ax, de l'Hospitalet, de Mérens, de Montaillou, d'Orlu, de Prades, de Tignac et de Vaychis.
Les feuilles obovales, entières, coriaces, glabres et luisantes de la Busserole ou Raisin d'Ours, sont préconisées comme diurétiques et anticatarrhales. On les utilise surtout dans les affections chroniques des reins, de la vessie, et des bronches, l'albuminurie etc. Ses pro- priétés sont surtout dues au tannin (360/o) et à un glucoside amer YArbutine (se décomposant dans l'économie en produisant de l'hydro- quinone qui se retrouve dans l'urine).
Tribu 3. — RHODORÉES Don, in Editnb. Phil. Journ.
XVII, p. i52 [ex parte).
Loiseleuria Dcsv. (Azalea L. ex parte).
759. — L. procumbens Desvaux in Journ.de Bot., III (1814), p. 35; Chamœledon procumbens Link, Enum. pi. hort. berol.,\, (1821), p. 21 1 ; Azalea procumbens L. Sp. pi. , éd. 2, 1,(1762), p. 21 5; Rchb. fil. /. cit., tab. 108, f.2.— Exsicc. :Soc. dauph., n° 4192.
(1) Quelques tuteur» (Gilet et Magne, etc.) font de cette tribu la famille dei Arbutacée».
4 PLANTES INDIGENES DU BASSIN DE LA HAUTE ARIÉGE
CC. Pelouses, gazons secs et rochers des montagnes graniti- ques ou schisteuses dans les z. alp. et niv. — Juillet-septembre.
Nos exemplaires (plus de 5o localités!) ont e'té récoltés de io35m (vallon de Gabantsa, jasse supérieure de Cazalinth) à 2jl>om (porteille de Pédroux) et principalement dans les monta- gnes d'Ascou, de l'Hospitalet et de la Solana d'Andorre, de Mérens, d'Orgeix, d'Orlu, de Savignac et sur les hauts massifs de Puymaurens et de Font-Nègre.
A l'exemple de Grenier et Godron,F/. de Fr., II, p. 435 nous avons adopté de préférence le genre Loiseleuria qui se distingue du genre A^alea surtout par ses feuilles opposées, persistantes, ses fleurs ter- minales en grappe ou en ombelle dont la corolle est subcampanulée et les anthères s'ouvrent longitudinalement, le style inclus et enfin par sa capsule à 2-3 valves septicides laissant en place les placentaires.
C'est avec juste raison que Desvaux a créé (l. cit.), en 1814,1e genre Loiseleuria. — Dans quelques serres, on cultive pour l'ornement les Azalea viscosa L.,glauca Lamk., nudiflora L . , calendulacea Mich. tous originaires de l'Amérique boréale et parfois aussi ÏA. pontica L., plante de l'Asie-Mineure donnant au miel des qualités vénéneuses.
Rhododendruni(i) L.
760. — R. ferrugineum L. ; Rchb. fil./, cit., tab. 107, f. 1, 2. — Exsicc. : Soc. dauph., n° 3814.
GC. Rocailles et pelouses, buissons, clairières, lieux ombragés etc. des terrains siliceux et à une exposition froide dans les z. subalp. et alp. — R. dans la z. niv. — Juillet-Septembre.
Nos exemplaires ont été récoltés de io8om (bords de l'ancienne route de QuJrigut sous le bois de la Luzèro et en face de la forge d'Ascou) à 25Qom (éboulis gneisseux du pic d'Auriol, ver- sant des Bésines) et principalement dans les montagnes d'Ascou d'Ax, de l'Hospitalet, d'Ignaux, de Mérens, de Montaillou, d'Orlu, d'Orgeix, de Prades et de Savignac.
(l) Rhododendrum est plus correct que Rhododendron ; le mot dérive en effet de poSov rose et ÔEvSpov arbre ; pour les noms de genres tirés du grec la désinence ov est changée en um dans la langue latine, tandis que les désinences grecques ù>v et qÇ des substantifs latinisés se changent en on et en us (Potamogeton, Hytsovus).
ACADÉMIE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE
Parfois cette plante tapisse de larges espaces. On observe rarement à côté du type la variation à fleurs blanches (s.-var. albiflorum DG, (pro. variet. p.). Dans notre circonscription florale le Rosage ferru- gineux vulgo Laurier-Rose des Alpes ne descend que rarement au dessous de la zone subalpine. Alph. de Candolle dans sa Géographie botanique raisonne e, p. 3 17, explique par des considérations basées sur l'étude de la température et du climat, la présence insolite de cette plante à de basses altitudes. Il la signale par exemple à iq51d d'alti- tude sur les bords du lac Majeur (Lombardie) où elle touche à la ré- gion de l'olivier.
On a jadis employé contre la gale et les rhumatismes les bourgeons infusés de l'huile de cetteplante qui n'offre aujourd'hui d'intérêt qu'au point de vue de l'ornement. Des pieds de Rhoiodenirum transportés à Ax-les-Thermes de la zone subalpine y végètent sans fleurir.
ESPÈCE A HECHEUCIIEU
Arbutus alpina L. « Pailler es, Orlu, Engaudue
[Gaudu].. » (Lapeyr. Hist. pi. Tyr., p. 2^.1). Indications fan- taisistes, si peu exactes qu'elles ne nous ont pas permis de re- trouver cette espèce, assez rare dans les Pyrénées, aux localités indiquées.
Obs.— Quelques auteurs placent encore les Pyrolacées et les Mono- tropacées à côté des Ericacées; d'autres les classent entre les Drose- racées et les Résédacées. Il est admis aujourd'hui que leur vraie place se trouve entre les Hypericinées et les Tiliacées. Voir à ce su- jet les notes que nous avons publiées au bas des pages 3i 1 et 3 12 du tome 1er de notre Catalogue raisonné.
Famille XLVII. — PIN GUICULACÉES ou LENTIBULARUCEES. Pinguicula (Tournef.) L.
761. — P. vulgaris L. et auct. (sensu-lato) .
L'étude des espèces et variétés composant le genre Pinguicula avait été négligée jusqu'à une époque relativement récente et il faut arriver à 1890, aux travaux entrepris par Mr Genty sur ces plantes succulen- tes et délicates, très altérables par la dessication. Mr P.-A. Genty plus
PLANTES INDIGENES DU BASSIN DE LA HAUTE ARIEGE
tard directeur du Jardin botanique de Dijon avait fait appel en effet au bienveillant concours des botanistes pour lui procurer des sujets vi- vants qu'il voulait cultiver dans un coin de son jardin particulier, i5, rue de Pouilly (aujourd'hui rue Garibaldi) spécialement amé nagéen marecagetourbeux.il préparait ainsi les matériaux nécessaires à son projet de Monographie illustrée des Pinguicula européens et plusparticulièrement français et il possédait déjà une importante col- lection d'espèces vivantes, lorsque l'éboulement d'un mur est venu anéantir, en i8g3, toute la plantation. M"" Genty ainsi qu'il nous l'a écrit n'a pas eu le courage de recommencer, (i).
Au nombre de ses publications nous citerons : i° Une note adressée à M. le Dr Gillot sur un Pinguicula récolté parles membres de la So- ciété française de Botanique, pendant sa session au Mont-Dore en août 1890 (Rev.de Bot., Toulouse, VIII (1890), p. 528); 20 une note sur le Pinguicula vulgaris. L. Sp.pl., p. 25 et Grenier et Godron FI. de Fr., II, p. 442, parue dans le Xe fascicule du Scriniaflorœ selectœ de Gh. Magnier ; 3° Contributions à la monographie des Pingui- culacées européennes : I, Sur un nouveau Pinguicula du Jura fran- çais * P. Reuteri Genty i> et sur quelques espèces critiques du même genre (2). Nous possédons un exemplaire de ce travail gracieusement offert par l'auteur.
D'après Mr Genty le P. vulgaris L. se subdivise en deux formes ou mieux deux races remarquables qui seront peut-être des espèces légitimes si leurs caractères distinctifs sont constants : l'une a des fleurs très petites, d'un violet pâle et une capsule pyriforme, très renflée à la base et assez brusquement atténuée en bec au sommet, des feuilles ovales subtriangulaires. C'est le var. uliginosa Genty qui habite les tourbières et les lieux marécageux et qui paraît être le type Linnéen des pays Scandinaves. — L'autre race à fleurs d'un beau violet, souvent aussi grandes que les petites fleurs du P. grandi- flora Lamk., a la capsule ovoïde, conique et les feuilles régulièrement ovales-elliptiques; elle croît dans les pâturages alpestres ou contre les rochers humides des hautes montagnes et c'est la var. alpestris Genty pour indiquer sa station préférée dans les montagnes du Jura, des Alpes, de l'Auvergne et des Pyrénées. Elle a été prise à tort pour le P. grandiflora Lamk.
(1 ) Nous avions été en relations cordiales, à partir de mai 1891 et nous lui avions adressé plusieurs fois des exemplaires vivants des Pinguicula de notre région avec notes à l'appui. Une de ses lettres datée du 6 mai 1 891 renfermait le passage suivant : « Je voib d'après ce que vous me dites que vous connaissez mieux les Pinguicula que la plupart des botanistes, même les pluséruditt; aussi, votre concours me sera-t-il d'autant plus précieux. >
(3) Extrait du Journal de Botanique de L. Morot, n" des 16 juillet et I" août 189 1.
ACADÉMIE DE GEOGRAPHIE BOTANIQUE
Var. a. uliginosa Genty /. cit. ; Rchb. fi]. le. fl. germ. et helv., XX, tab. 198 f. 1,2, 3 [sub P. vulgari L).
AC. Marécages et lieux tourbeux des terrains siliceux de la z. alp. R. dans les z. subalp. et niv. — Juillet-Août.
Marécages du ruisseau de la fontaine, en face du chalet fores- tier de Manseille (i66om) ; marécages du col de Puymau- rens (i9iom); plateau de Paillères, sous le Mounégou (2010™); vallon du Baladra, sous le pic des Padrons (2090m) ; pelouses marécageuses au pied du Roc-Blanc, versant d'Orlu (21 8om); vallon des Bésines, sous la jasse Pédroux (2240™) ; pelouses sur la jasse de Soula-Couloumé, vers le pic dAuriol (225om); pelouses marécageuses à l'E. du lac de Font-Nègre (23iom); lieux tourbeux de la porteille du Llaurenti, sous le plateau de Camp-Ras (2450111).
Nous l'avons aussi récoltée dans les tourbières de localités alpines de l'Andorre et des Pyrénées-Orientales, sur les confins de notre circonscription florale.
Var. p. alpestris Genty, /. cit.; P. vulgaris var. grandiflora Lee. et Lamotte Cat. rais. pi. vascul du pi. centr. Fr. (1847) p. 3o6, non Lamk. ; var. alpicola Godet, Fl. du Jura (1852) p. 569; var. macrantha Lamotte, Prodr. fl. pi. centr. Fr. 2* partie (1881), p. 5 1 1 .
C. Prairies et rochers humides des z. inf., subalp. et alp., sur tous les terrains, mais de préférence sur les schistes et les calcaires — Juin-Août.
Nos exemplaires (plus de i5 localités) ont été récoltés de 63o* (Le Castelet, prairie de la rive gauche de l'Ariège, en aval du tunnel de chemin de fer) à i95om (pelouses sous le grand lac de la Baouzeille du Tarbézou) (1) et principalement dans les montagnes d'Ascou (vallon de Montaud ; vallon de Gabantsa, près de la fontaine de Cazalinth ; orryde Mounicot ; pelouses de Paillères, etc.), d'Ax (pelouses de la fontaine de
(1) Timbal-Lagrave et Jeanbernat, Massif du Lhurtnli, p. 214. du tirage à part, indiquent « à la Baouzeille du Tarbézou » le P. vulgaris L.
8 PLANTES INDIGÈNES DU BASSIN DE LA HAUTE ARIEGE
Manseille, eic), d'Orlu (prairies du Bisp, pelouses du lac de Naguilles etc.), de Prades (bords de la route sous le col de Chioula etc.), de Sorgeat (vallon de Fontareille, le long du ruisseau, etc.) et de Tignac (rochers de la fontaine de Maley, etc.).
D'après la juste observation de Lamotte, /. cit., la var. macrantha de cet auteur qui diffère à première vue du type par sa fleur plus grande et son éperon un peu plus allongé, passe au P. vulgaris, par tous les intermédiaires possibles; elle doit ses plus grandes dimen- sions aux lieux plus fertiles et plus ombragés qu'elle habite. Selon nous le P. vulgaris var. a- uliginosa Genty est la même plante mais réduite dans toutes ses parties par la nature du terrain et aussi, le plus souvent, par l'altitude, car nous n'avons point observé le type dans la zone inférieure. La var. alpestris Genty, nous paraît être la forme intermédiaire par ses dimensions entre le P. vulgaris type Linnéen et le P. grandiflora Lamk. dont elle s'éloigne surtout par sa capsule pyriforme et non conique; aussi la qualification de var. intermedia lui conviendrait bien s'il n'était pas inutile de créer en- core un nom nouveau pour une race grandiflore qui en possède déjà plusieurs.
762. — P. grandiflora Lamk. Encycl. meth., Bot., III, p. 22 et Illustr., tab. 14, f . 2 ; Rchb fil. le. fl. germ., XX, tab. 19g, f. 1. — Exsicc. : Soc. dauph., n° 2170 ; Magnier, Fl. selecta exsicc, n° 2029.
G. Pâturages et rochers moussus humectés par les ruisseaux tenant en dissolution des particules calcaires, dans les z. subalp. etalp. R. — dans la z. inf. — Mai-Août.
Nos exemplaires (23 localités) ont été récoltésde 845 m (pierres d'une fontaine bordant la route nationale, en aval du pont- aqueduc de Rial) à 2090™ (pelouses du lac Vidal) et principa- lement dans les montagnes d'Ascou (vieux chemin de Quérigut sous le bois de la Luzéro ; vallon de Gabantsa, à la fontaine de Tirebouneille ; pelouses sur l'Orry des Scanels, etc.), d'Ax (prairies humides aux bords de la route nationale, en face de la 3* Bazerque; bords du ruisseau sous la jasse des Bizornes etc.), de THospitalet (vallée des Bésines, sur la jasse du Pla et pelouses sur la cabane forestière des Bésines; plateau du col de
ACADÉMIE DE GEOGRAPHIE BOTANIQUE
Puymaurens, le long du ruisseau cTEn-Garcias etc.), de Mérens (pelouses aux bords de l'Ariège en amont du pont de l'Ha- renc(i); pelouses du chemin forestier de Larguis, etc.), d'Orlu (prairies irriguées du Bisp ; rochers humides dans le bois de Chourloc; jassede POrryot ; pelouses du lac de Naguilles, etc.), de Prades (bois des Gouttines, ruisseau aux bords de la route; pelouses d'une fontaine entre le Roc d'En-Calqué et le signal de Chioula, etc.), de Savignac (vallée du Nagear : pelouses des Esquers d'en haut ; lieux humides sous la jasse de pla-d'Arlaou ; pelouses sous la jasse de Lédranou ; vallon d'Embizon, jasse de Lieuceran, etc.) et de Tignac (rochers humides et calcaires sous la fontaine de Maley, etc.).
Se reconnaît aux lobes du calice obovales , obtus, à sa corolle aussi longue que large et ayant au moins 2 centim. de longueur, à son éperon égalant les 2/3 de la corolle.
Nous n'avons pas observé le P. leptoceras Rchb . considéré comme une espèce autonome par de Candolle (Prodr., VIII, p. 29) et par Grenier et Godron (Fl.de Fr ., II, p. 442), par la plupart des anciens auteurs et par Nyman, >Conspect. fl. europ., p. 598) mais très con- troversée par les auteurs modernes. Plusieurs phytographes, dans leur incertitude, envisagent même cette plante comme synonyme soit du P. vulgaris L. soit du P. grandiflora Lamk. De plus M. Genty n'a jamais eu entre les mains d'exemplaires répondant à la des- cription de la plante de Reichenbach. — Nous avons vainement recherché dans les fissures des rochers calcaires et humides de notre distinct floral le P. longi/olia Ram. ap. DG. FI. fr., 3e éd., III (i8o5) p. 728, non Gaud., considéré à tort par de Candolle FI. fr., Suppl. (i8i5) p. 404, par Alph. de Candolle (Prodr. VIII (1844), p- 29, par Grenier et Godron FI. de Fr. II (i852) p. 442 etc , comme une va- riété à feuilles allongées du P. grandiflora Lamk; il en a été de même pour le P. longifolia Ram. var. brevifolia Genty, à feuilles courtes et élargies, décrit par M. l'abbé Coste dans le XIIe fascicule (1893) p. 293, no